Lexique héraldique des titres et qualifications

Baron

 Le tortil du baron, a trois grosses perles blanches et un chapelet entortillé sur son bandeau.

 Le heaume du baron, est de trois-quarts face, d'acier, orné d'or, à sept grilles et surmonté du tortil.

Le baron, « l’homme brave, valeureux »

 Le mot nous vient du germanique « baro » qui signifie l’« homme libre » ou « mercenaire », qui se rattache à l’ancien norrois « berja » pour « frapper, tuer» . Emprunté au Vè siècle lors de l’invasion de la Gaule du nord au francique « baro », le terme « sacebarones » (« sace » vient probablement de l’ancien norrois « saka » pour « accuser, lutter » d’où « sace » qui signifie « litige, procès ») désignait les personnes chargées de la perception des amendes judiciaires. Il est attesté dans la Loi salique au sens de « fonctionnaire subordonné au comte ». Les « barons » sont les nobles du royaume, les vassaux issus de la noblesse. Au XIIe siècle, il prend étonnamment le sens sémantique d’« homme brave, valeureux », de saint puis d’époux. Puis le titre de noblesse supplante peu à peu dans la France féodale le sens premier d’« homme ». La valeur de « grand seigneur vassal d’un souverain » survit en histoire. Par analogie, se dit d’un homme puissant dans son domaine.

 

 L'étymologie du mot baron ou ber, en latin baro, a donné lieu à une foule d'hypothèses, dont une des moins absurdes le dériverait du mot grec XXX, fort, puissant. Ce qu'il y a de plus vraisemblable, c'est que cette expression, dont l'origine celtique est incontestable, a pour racine primitive la syllabe bar ou ber, qui signifiait force, éclat, puissance.

 

 Anciennement on entendait en France par barons tous les seigneurs qui relevaient immédiatement du roi; ainsi, ce mot comprenait indistinctement les ducs, marquis, comtes et autres vassaux directs de la couronne, comme on peut le voir par les diplômes et par les autres monuments émanés de l'autorité royale où le prince, s'adressant aux seigneurs de sa cour et de son armée, les appelle ses barons.

 

Le cartulaire de Philippe-Auguste, roi de FRANCE° donne la liste des barons français, au nombre de cinquante-neuf, qui servaient sous ce prince en 1214, et combattirent avec lui à la bataille de Bouvines.

 

 Depuis le XIVème siècle, l'expression barons, prise dans une signification générale, s'appliquait aux principaux seigneurs d'un pays, à ceux qui avaient séance et voix délibérative aux états. Dans certaines provinces méridionales, on les appelait bons hommes, boni homines.

 

 En Bretagne, les barons précédaient les vicomtes. On voit même que le parlement de Rennes, en vérifiant les lettres d'érection du marquisat d'Épinoy, déclara, par arrêt du 18 février 1575, que c'était sans préjudice du rang et des honneurs, droits et prééminences du baron de Vitré, qui siégeait le premier aux états.

 

 Dans les temps modernes, ce terme a été pris dans une acception beaucoup moins générale, puisqu'il n'est plus que le titre affecté au possesseur d'une baronnie, qui ne prend rang qu'après les ducs, les marquis, les comtes et les vicomtes. C'est le dernier titre de la hiérarchie féodale, quoiqu'il y ait en France et en Allemagne d'anciens barons qui ne voudraient pas le céder à des nobles revêtus des autres qualifications.

 

 Les trois premiers barons de France étaient ceux de BOURBON°, de CONTY° et de BEAUJEU°, dont les fiefs ont été réunis, il y a plusieurs siècles, à la couronne.

 

 Dans le clergé, il y avait des évêques, des abbés et des prieurs barons, soit qu'anciennement les rois leur eussent accordé ce titre, soit qu'ils possédassent, par leurs libéralités, des baronnies, ou qu'ils les tinssent en fief de la couronne.

Le chef de la maison de MONTMORENCY° prend le titre de premier baron de France, comme le plus ancien et le plus éminent de ceux du duché de France; quelquefois aussi il est qualifié premier baron chrétien, par corrélation sans doute avec le titre de roi très-chrétien, que porte son suzerain.

 

 Des écrivains font aussi mention des titres de barons accordés à quelques-uns des principaux bourgeois de Bourges et d'Orléans, comme à ceux de Londres, sans emporter avec eux de caractère de noblesse.

 

 La dignité de baron en Allemagne et en Angleterre a subi à peu près les mêmes phases qu'en France. Il y a aujourd'hui dans la Grande-Bretagne 304 pairies revêtues du titre de baron, 25 écossaises et 72 irlandaises.

 

 Outre les titres de duc, marquis, comte, vicomte et baron, dont l'usage s'est conservé jusqu'à nos jours, et qui ont été appelés à faire partie des qualifications de la noblesse reconstituée par la charte de 1844, il y avait plusieurs autres dénominations génériques qui eurent un rôle analogue sous le régime féodal. Nous allons donner ici les principaux.